Ombre de l'Ombre

Ombre de l'ombre.


Ombre de l'ombre, tout n'est qu'ombre
Se glissant sous un soleil sombre,
Là, où rôde en seigneur félin
L'incandescence du Malin.

Nous  avons perdus là-bas le poids de nos ailes;
Mais il nous reste comme l'ombre d'un souvenir.
Nous sommes de ce monde, créatures frêles
Dont l'incertain ne cesse de courber l'avenir.

Les ombres qui s'allongent flottent et ondoient
Avant de saisir nos âmes entre leurs doigts

L'ombre n'est-il que le côté sombre du mal :
Ce côté noir de l'ignoble et de l'anormal?
C'est pourtant dans le sombre que les rêves naissent,
Dans cette nuit où les étoiles apparaissent.

Presque tout l'univers est à l'ombre pareil;
Le vide, ce côté obscur, prime partout.
La lumière ne représente que ces trous
Du pointillé de ces étoiles, ces soleils.

Ne serions-nous pas, nous, dans cette simple boîte
Que la main d'un Dieu céleste, mais un peu fou,
Aurait percée de son aiguille maladroite
D'une multitude de ces minuscules trous.

S'il y a un Dieu dont cette lumière est l'enseigne,
Pourquoi créer un monde où c'est l'ombre qui règne?

Nous habitons un minuscule miroir bleu
Entre l'infiniment grand et le microcosme.
Nous sommes en équilibre sur notre roche
Entre le temps présent et le futur nébuleux.

Ombre de l'ombre, tout n'est qu'ombre
Se glissant sous un soleil sombre,
Là, où rôde en seigneur félin
L'incandescence du Malin.