Un, deux, trois, nous irons au

Un, deux, trois, nous irons aux bois…



Enfants, nous étions de blanc vêtues,
Rêvant, naïves, ce jardin Terre.
Nos robes s’envolaient…, jambes nues
Dans les étoiles, planétaires.

La marelle nous donnait son ciel
Où trois fois passera la première…
Saute, saute, jusqu’à l’arc-en-ciel
Et serrez dans vos bras la dernière.

Nous n’irons plus jouer au jardin;
Les illusions tombent une à une.
Le bal était truqué et mondain,
La robe déchirée sous la lune.

Les gravures nous montraient ce Dieu,
Assis tout là-haut sur les nuages.
Des images saintes pour cet adieu
À notre hymen d’enfants si sages.

En pages couvertures glacées,
Tous ces grands avec plein de retouches.
Nous ne rêvons plus les bois si louches
Où le prince nous a embrassées.

Loup y est-tu? Que fais-tu? Ce silence!
Un, deux, trois, promenons-nous dans le bois;
Le loup y est et Dieu est absence.
Nous, vêtues de lune et aux abois!

Enfants, nous étions de blanc vêtues,
Rêvant, naïves, ce jardin Terre.
Nos robes s’envolaient…, jambes nues
Dans les étoiles, planétaires.