Sous le controle de Dieu.

Sous le contrôle de Dieu.




C’était un temps si bien ordonné
Où tout et chacun bien à sa place
Savait se conformer à la règle
Et où rien ne devait dépasser.
Les tic-tacs de l’horloge réglaient
Le temps de chaque maisonnée,
Le carillon au haut du clocher
Les jours  de cette communauté.
Enfants, nous avancions ordonnés
Aux claquements des sœurs costumées.
Quand les chants se mêlaient à l’encens,
C’est l’univers qui se prosternait.
Dieu était cet œil qui voyait tout
Et l’Église balayait tout doute.
Les écoliers apprenaient par cœur
Cet absolu petit catéchisme
Comme un métronome de la foi.
L’enfance glisse en la certitude
Où tout semble si béatitude.
Sous ce contrôle luciférien,
Le clergé règne en roi et maître
Des idées, des sentiments, des âmes.
Dieu devient ce contrôle inhumain
Où il n’y a plus que sa seule voix :
Tempus fugit, memento mori.
Le temps s’arrête en ce suranné
Où même le neuf est déjà vieux.
Longue procession de ces fidèles,
Autant de chenilles légionnaires
Qui cheminent à la queue-leu-leu
Vers cette fin des temps annoncée.
Étions-nous en anticipation
D’un paradis perdu à venir
Où la piété rythmait l’ordinaire
De matines jusqu’au chapelet
En n’oubliant pas cet angélus
Marquant le mitan de chaque jour?
Tout était prévu et sous contrôle
Et absolument rien n’échappait
À l’autorité du magistère
Et du Saint-Esprit en filigrane.
La messe s’allongeait infinie
De son sermon d’endoctrinement
Pour rappeler à tous leur devoir
Et qu’ils ne peuvent être que pécheurs
Devant Dieu si miséricordieux,
Que les femmes faisaient des enfants
Et que tous étaient enfants de Dieu.
C’était un temps si bien ordonné
Où tout et chacun bien à sa place
Savait se conformer à la règle
Et où rien ne devait dépasser.