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Notre temps en surreel.

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Notre temps en surréel.



Le passé s’inscrit en surréel
Dans la trame assoupie du présent…



Dans les civilisations païennes,
Cités absurdement Kafkaïenne,
Aux rues et boulevards infinis
Bordés d’immeubles indéfinis,
De régimes nazis ou communistes.
Tant de bureaux d’interrogations,
Tant de dossier et d’annotations
Avec tous ces individus-nombres
Pressés sous les rouleaux des encombres.
C’était le même ciel étoilé,
C’était les mêmes embruns salés,
Les mêmes parcs et les mêmes arbres,
Aussi les mêmes tombes de marbre,
Dans l’abomination recrée
De cet enfer légal agréé,
Dans la désolation nauséeuse
D’une déchéance ignominieuse.
Et puis le Mal, ailleurs, essaimait…
Mais ce Dieu…, n’apparaissait jamais!

En ivresse et déesse d’Hélène,
Ta peau en blancheur de porcelaine
En aura de nymphe et de velours,
En promesses, tendresse et amours,
En ventre douceur d’une hirondelle
Que le sous-bois colorait charnelle
D’améthyste et de zébrures d’or,
Dont je buvais le parfait accord.

Sur le bout de la langue-poème,
Les lèvres mouillées de pluie dorée
En cet éclat d’un soleil amant
Et les ombres-doigts te caressant :
Ce surréel était-il rêve
En cette Alice et nouvelle Ève?
Une surimpression en ce drapée
D’une lumière aux cuisses lapées.
En filigrane emmêlant nos âmes
Dans les membranes d’un amalgame.
Cette trame que nos cœurs battaient
En sourdes pulsions qui s’abattaient
En envolées de ces anges-fauves
Qui nous faisaient Dieux en cette alcôve.

Le rythme d’un chant en grégorien
Nous entortille en pauvres terriens
D’une longue tresse ombilicale
Qui nous fige en sa prise nucale.
Le jeu d’une chaise musicale
Où il n’y a que ce moi et rien…
Où Dieu est un fantôme aérien!


Le passé s’inscrit en surréel
Dans la trame assoupie du présent…



Quand la fenêtre pleure en son reflet,
Te mouillent tes yeux, en soudain regret
Devant la vitre en brume de nous-mêmes.
Dans le recueil jauni de mes poèmes,
Ton trèfle à quatre feuilles a séché.
Nos cœurs enlacés se sont ébréchés :
Ma main essuie tes larmes. Oh ma reine!
Le glacier fond et roule sa moraine.
Sur ma peau à nue, glisse tous mes jours,
Je consomme en ingénue les toujours,
M’ensevelissant sous tant de poussières,
M’enfonçant dans la boue des fondrières.
Dans la misère du monde enroulée,
Je m’épuise en ces rêves mal tournés.
Habillée en robe et morceaux de rêves,
Je déconstruis le puzzle de l’acquis.
Dans la misère d’humides pâquis,
Je broute le peu de mon existence
Et m’abreuve de mon inconsistance.
L’éternité me force à m’accroupir.
L’ivresse d’un désir… ou d’un soupir
S’architecte en tous ces châteaux de cartes.
L’hiver me fera pendre en ses glaçons.
Me rêvant princesse, et j’étais garçon,
Me rêvant héro, et j’étais princesse.
Le temps m’éparpille en autant de pièces.
L’humain oscille, allant du bien au mal :
Tantôt fait l’ange et tantôt l’animal.
Il est de son créateur cette image.
D’un Dieu en plus bipolaire que sage.
Le temps qui passe et fut-il déjà passé,
La réalité ne peut que froisser.
Quand le temps de ces hier se dentelle
De ces pas déroulant les demoiselles,
Un peu perdues en cette immensité
Aux vitraux aux clartés diamantées,
En leur posture aux mains jointes d’orante
En leurs robes aux blancheurs de communiantes,
Se tendent arachnéens les filaments
À travers ce collectif ondoiement.
Le rêve-vie s’avance somnambule,
Défaisant en peu à peu cette bulle
Et nous amincit en nous dégonflant :
Le psaume en devient un babil sifflant.
Qui nous créa si nues en ce naguère?
Dans le givre en écarlate des guerres,
Anges-oiseaux, les enfants sont figés.
Le bonheur est cette joie mitigée
Quand nos masques, multiples, secrets, craquent,
Quand sur le moi, la vérité se braque,
Nous laissant tout seul avec notre foi.
Prisonnier aux barreaux de notre émoi,
Nous hurlons à la lune-sang qui veille
Pour que le dormeur, enfin, se réveille.
Quand se vide soudain notre cerveau
En humeurs émouvantes de dévots,
Sous nos pieds, en la mémoire se glissent
Les récits de ces anges et Alice
D’un naguère aux enfants déchiquetés
Et jetés sur les braises craquelées.
Dormaient-ils, en ces temps-là, les archanges
En quelques constellations étranges?
En ces histoires et ouroboros,
Les super-héros étaient de Jell-O :
Ils se sont perdus dans les bulles-neige,
Se sont noyés sur leurs chevaux-manèges
Se liquéfiant dedans leurs comics-books
Ou en chaînes d’amis sur les Facebook.
Il est tant d’univers en parallèle
En cette coexistence omniverselle.
Quand la fenêtre pleure en son reflet,
Te mouillent tes yeux, en soudain regret
Devant la vitre en brume de nous-mêmes,
Dans le jardin béni de ces poèmes.


Le passé s’inscrit en surréel
Dans la trame assoupie du présent…



Dans ce monde aux sombres oiseaux d’idéel,
Nous sommes partie prenante de cet irréel
Qui habille un peu notre nudité humaine,
Éparpillée ici et là sur l’écoumène,
De cette vomissure au suaire gluant
De cet arbitraire en jamais possédé
De libertés dont nous fûmes exhérédées.

Vivant, nous hurlons notre mort
Sur les bûchers en ces pucelles
Dont l’Église cherchait querelles
En serial killers sans remords.
Perdus en ces guerres affreuses,
Broyés, crevés, dégobillés,
Sous les tanks de fer chenillés,
En reste grouillant d’ascarides
Dans ces traces déjà putrides.
L’irréel a déjà cloué
Nos ailes de victimes-fées
Retirant notre peau intime
En quelque dépeçage ultime.
Fixées au mur et empaillées,
Déjà usées et démaillées,
Nous sommes, ici, ces marionnettes,
Tristes pantins, parfois fillettes.
Nous rêvons aussi en l’ailleurs
Pour échapper à nos frayeurs,
Les mains jointes en la prière
D’une espérance à la lisière.

Les sphinx sont les gardiens de ce dromos :
Qui donc nous aurait initiés à ce cosmos
Dont  les mystères nous sont incompréhensibles?
En ce mystérieux incompréhensible,
Où tout cet obscur nous est demeuré caché,
Des révélations nous ont harnachées.
L’aube du néant est intemporelle.
Aux jeux des Dieux, des os et de marelle,
De nos squelettes, nous lançons les os
Qui roulent à l’échelle du chaos.
Ne sommes-nous pas dansant au bout de nos ficelles
En autant de marionnettes industrielles,
Découpant et collant le réel au papier
Sur les quatre murs peints d’un univers-guêpier
Où les fenêtres s’offrent en jardin de givre
Dont les ciels étoilés sont d’une neige ivre?
Dans ce monde de création  et destruction,
Le surréel est en jeu de déconstruction
Pour rebâtir le monde en courbes rassurantes.
Ne sont plus ces hydres aux têtes menaçantes,
Les monstruosités créées de bric et broc
Hantant les labyrinthes cérébraux :
Éveillés, le cauchemar devient plus supportable
Et plus crédible s’ouvre pour nous l’incroyable.


Le passé s’inscrit en surréel
Dans la trame assoupie du présent…
Le passé s’inscrit en surréel
Dans la trame assoupie du présent…


The past is inscribed in surreal
In the calmed weft of our present time …





Sur le thème ¨Surréel¨ du groupe :iconlethemedulundi:
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