Le jardin de l'apres

Le jardin de l’après.



En enfant innocent, la vie n’est que l’instant,
Un peu du passé et l’avenir du lendemain.
Les premières années perdues dans leur brouillard
Se sont envasées au marais du subconscient.

Ado, nous étirons les amarres du temps
Pour échapper à ce miroir de notre moi
Où notre destin nous engloutit avec lui.
Mais le temps sournois nous perd en ses rêveries.

Jeune adulte, nous creusons le sol sous nos pieds
Pour retrouver les racines qui nous relient
À nos ancêtres, à notre propre passé,
À cet avenir de notre propre humanité.

Puis le temps se fait plus mou et plus malléable :
Nous remontons des souvenirs qui sont à venir,
Nous bâtissons des rêves qui sont déjà faits
Et nous nous abrutissons dans un quotidien.

La vie coule en semence qui recrée la vie.
Les spasmes endorment la douleur du néant
En une béatitude de création.
Le plaisir et le nouveau-né crient leur désir.

La vie glisse en un long fleuve plutôt tranquille.
Les jours font basculer les semaines et les mois
Qui s’agglutinent, s’empilent rangeant le temps
En cordées de bois qu’on aurait mis à sécher.

Un beau jour, en y regardant d’un peu plus près,
On réalise que le temps nous est compté,
Que la vie a glissé le bras un peu trop vite,
Que le cœur rayé ne chante plus aussi juste.

Les pas en plus lourds s’enfoncent dans le miroir
De l’après-vie où peu à peu ils disparaissent.
Les yeux ne voient plus que la ligne en pointillé
Qui tranche et relie cet ici à un ailleurs.

On s’endort à jamais, espérant le toujours;
Il faut peut-être assez rêver pour espérer.
Peut-être un jardin en douceur de nuit d’été
Et vos bras enlacés dansant sous les étoiles!