Le difficile du vivre...

Le difficile du vivre…



La vie est ficelle qui s’allonge
De tous ces filaments de nos jouir.
Le passé est enfance à s’enfouir
En ces souvenirs qui nous prolongent.


Nos enfants sont nos petits pantins,
Nos mains les tiennent, puis les relâchent…
C’est nos cœurs mêmes qui s’arrachent,
C’est un peu notre vie qui s’éteint.

C’était le printemps, notre naissance,
Puis, encore ce temps de l’enfance.

Nous flottons en haut et puis ailleurs.
Dure, si dure ce temps qui passe…
Usé, notre optimisme trépasse
À toujours espérer un meilleur.

Tout ce passé nous a laissé stones…
Et voici, déjà, sur nous, l’automne…

Il y a tant de choix à regretter
À tous ces carrefours qui nous aiguillent
Quand le destin nous secoue guenilles
Entre les possibles émiettés.

Tant de croisées nous démantibulent
En éclisses qui crèvent nos bulles.

Laisser dans un passé, le velours
De tes lèvres posées sur mes lèvres.
Et notre attirance en cette fièvre
De marée d’émotions à rebours.

Tes cheveux en filaments de lune
Qui semaient dans mes yeux cette brume.

L’éclat de l’été t’allumait, nue,
Dans l’intimité du sous-bois fête
Où le soleil jouait ses paillettes
Jusque sur ton abandon charnu.

En ivresse l’amour se renverse
En ce débordement qui nous berce.

Nos amours à se glisser mouillés
Dans l’intérieur de notre jouissance,
Y éclaboussant de nos essences
Tous ces creux palpitants et fouillés.

Et puis le réel qui nous rattrape
Et d’étape en étape nous râpe.

Entre les possibles délayés,
Parfois, barbouillé de nuit et d’ombres,
Le matin s’étire en sa pénombre
Où nous dormons un rêve éveillé.

L’exploitation de l’homme par l’homme
Est désespérance de ce monde.

Sous vernis de civilisation,
Coulant au caniveau de l’immonde,
Horde humanoïde fantôme
En état de zombification.

L’instant est toujours abominable
Où tant de mal côtoient l’agréable.

Le vent hurle dans le jour qui meurt.
En nous secouant et tordant nos torses,
Le vent gruge nos dernières forces.
Sommes-nous donc encore humains, ma sœur?

L’éternité n’est plus que dérive
Où quelque Dieu délirant salive.

Hier encore, le temps des amours.
Aujourd’hui, nos os que l’hiver casse.
Mais nos âmes sont ces carcasses
Enivrés de l’été des beaux jours.


La vie est ficelle qui s’allonge
De tous ces filaments de nos jouir.
Le passé est enfance à s’enfouir
En ces souvenirs qui nous prolongent.