Histoire d'une fin du monde.

Histoire d’une fin du monde.



Lisbonne, dix-sept-cent-cinquante-cinq d’un jadis :
Cette ville ultra-catholique et portuaire,
À la croisée d’un océan d’un estuaire,
Capitale d’un empire d’or et de reis.

Des autodafés,  encore tiède est la cendre.
Ce premier novembre au matin, jour de Toussaint,
Dans les églises, les croyants et assassins
Au milieu des bougies à cire si tendre.

Mais qui sont les vrais saints, qui sont les vrais martyrs?
Peut-être, de cette inquisition, les victimes
Qui ont péris sur tous ces bûchers anonymes
De la haineuse Église à les anéantir!

Croient-ils ces démons que quelque Dieu les protège
Alors que leurs chants latins emplissent ces lieux,
Que la pierre commence à vibrer sous leurs yeux
Et que leur monde devient ce vibrant manège?

Des fissures déchirent toute la cité,
Les temples sacrés s’effondrent sur les fidèles,
Plus que ruines les palais et les citadelles.
Les survivants, noyés dans l’incrédulité,

Se précipite vers les quais et leur espace
Tout grand ouvert sur la mer et sur son reflux.
Mais déjà, en tsunami, voici son afflux
Qui vient soudain les balayer en cette impasse,

Emportés au loin vers les colonies pillées.
Qui donc, en cet empire, ébranle les colonnes
De leur prétentieuse et dévote Babylone
Que les incendies finissent d’annihiler?

Cette colère de Dieu, éclate en arbitraire,
Fauchant aussi bien les impies que les dévots.
Un mouvement de changement atteint les cerveaux :
La théologie n’est plus l’unique lumière…!