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Faut-il eveiller l'au-dela?

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Faut-il éveiller l’au-delà?


Un feu, lumière dans la nuit
Où nous ne sommes que ces vigiles
Qui attendent dans le silence
Qu’arrive enfin l’aube dorée
Du premier jour de cet ailleurs.

Le feu fumait tendu vers le ciel
Sous la première neige tombée
En un soudain manteau si pur :
Le temps absorbant nos vies
En une irréalité étrange
Qui accablait même nos âmes.
Le temps devenait mouillure
Où nos certitudes y fondaient.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


De bébé, nous dérivons enfant
Avec plein de rêves dans nos têtes.
Puis, nous voilà funambule
D’une adolescence soucieuse.
Jeune adulte en Pierrot sous la lune,
Nous trempons, poète, notre plume
Aux cuisses d’encre et rêve
Pour écrire au ventre d’un jouir
Le plus beau des poèmes à naître.
La vie, en fleuve lent, nous emporte
Dans le quotidien des tâches-ennuie.

Mais nous avançons en jeu de sagesse…
Avant que le fil des jours se casse…
Notre espérance rattrape le fil
De ce poème-vie qui nous amène ailleurs.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Au-delà de ce temps qui nous tue,
Il y a ce baiser sur la courbure
À se tendre en duvet et murmure
De la nuque frissonnante et émue.

L’après-vie en un après-amour,
À se reposer d’une jouissance,
À se redire les toujours
Avec dans les yeux cette luisance.

Le temps aquarelle nos ébats,
Saveurs et odeurs se cristallisent,
Quand, même le cœur encore en bat
D’autant de ces soupirs qui l’attisent.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Nous sommes sept-milliards d’humains
À faire basculer cette planète
Dans la futilité du vide :
Elle finira bien par tomber.

Il y a quatorze millions d’années
Que cet univers semble exister
En brassant la matière noire
Et un peu, si peu de vie.

Sur ce rocher, si petit et si beau,
Agrippés chacun à nos égo,
Nous grimpons, fourmis, sur celui des autres
En une masse d’humanité sans tête.

Chacun se dresse et fait le beau
Pour une galerie que le temps efface,
Un millénaire en remplaçant un autre
Sur les débris de quelques civilisations.

Des pyramides, des temples, des églises
Montent, misérables, vers le ciel inaccessible.
Des ballons, des avions, des fusées
S’élancent, dérisoires, un peu plus haut.

Des prophètes crient dans les déserts,
Des mystiques jeûnent leur désir,
Des religieux lèvent le doigt
Tandis que des saints s’auréolent.

Le culte les dresse et les soumet
À une liturgie bien établie.
Des chants, des hymnes, des psaumes,
Montent de l’assemblée réunie.

La fumée, les libations, l’encens,
S’élèvent… que le vent disperse.
Des encensoirs, des statues, des drapeaux,
Flottent en illusoires processions.

Des cris, des pleurs, des lamentations,
Portent les corps vers leurs tombeaux.
Des prêcheurs, des imans, des gourous,
Font de leurs dires un peu plus de morts.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


L’après-vie… laissant derrière nos saisons.

En cet ici-là, passent les saisons
Qui s’émerveillent en souvenirs.
Le printemps aux verts parfumés
D’une naissance qui s’invente.
L’été fleuri aux champs de foin
À craquer les cœurs qui s’aiment.
La lumière à nous vêtir
Quand le sous-bois se dénude.
L’automne du temps qui avance
En enfants à naître et grandir.
L’hiver des jours déjà anciens
Où se blottir au chaud des anges
Quand la poudrerie, dehors, hurle
Et que la neige pousse ses ailes.
En cet au-delà, de cette après-vie,
Aurons-nous saisons à nous aimer?

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Un enfant naît, un petit i
Juste au milieu de cette vie
Où le sang, tant de sang…
Et un tout petit peu d’espoir!

Ta peau en douceur jouissive
En nuit d’été étoilée
Dont la marée-voie-lactée
Déferle s’offrant lascive.

Nous tendons de garder le filament
D’une flamme à tisser le mystère.
Le temps nous gruge, le pas nous manque;
Nous regrettons ce passé-jeunesse,

En vérité, je vous le dis :
Seul votre cœur d’enfant
Peut connaître le secret
De la clé de cet ailleurs!

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Le feu tisse la nuit
De ses flammes s’enlaçant.
Ma grand-mère tissait le temps
De ses doigts si fatigués
Déjà tout croche de son vécu.
Elle en faisait des tapis épais
Pour les jours froids à venir.

Le feu s’étire, s’intériorise,
En un charbonneux squelette.
Que restera-t-il de ce monde?
Nomades, nous reprendrons la route,
Abandonnant nos peaux inutiles.

L’au-delà serait cet ailleurs
Dont l’espérance nous interpelle!

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Au-delà, bien au-delà
De ce petit, de ce si petit nous
De quelques milliards
De moi et d’égo.

Et le temps ajoute
À chaque seconde
Plusieurs bébés
En petits moi et areu.

Au-delà de cette vie
Foisonnant en blé mûr
Sur cette planète
Déjà si petite.

Et le temps ajoute
À chaque seconde
De nouveaux soleils,
De nouvelles planètes.

Au-delà, bien au-delà
De ce vaste univers
Aux milliards de galaxies
Dérivant en vagabondes.

Et le temps s’écrit
Au milieu du chaos,
Couvrant le néant
De nouveaux univers.

Au-delà, bien au-delà
De ce tout et ce rien,
Peut-être y a-t-il
Cet autre ailleurs?

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Le gardien doit rester le veilleur
Et garder le cap et la conscience
Sur la lampe-tempête-et-sanctuaire
En un petit point rouge dans le noir.

Le voyage est tout aussi long que bref
D’une vie se consumant en brûlant
La mèche de son court vécu
Où l’âme doit protéger ses ailes.

Un enfant qui pleure sa mère,
Une larme, une seule larme
Peut nous éteindre à jamais
Cette aspiration d’un au-delà.

La nuit se fait souvent si noire
De tant de ces monstres qui rôdent
Et qui, ayant déjà tout perdu,
S’accrochent, sirènes, à nos pas.

Le veilleur doit rester le veilleur
À l’écoute de l’inaudible…
Le gardien doit rester le gardien
Surveillant cet invisible…

Les mots s’écoutent dans la tête
Et résonne aux cavernes de la folie.
Les mots s’écrivent sur l’Histoire,
Y cachant souvent leur vérité.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Quel passage pour l’au-delà?
Quelles clés ont été libérées?
La sainteté désaxée,
Le déni du corps,
Le sexe abusé,
Le pardon insensé,
Le regard candide,
La sagesse céleste,
La masse des indulgences…
Nous égrenons un à un
Les grains de nos au-delà…

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Notre monde fait beaucoup de bruit,
Mais le cosmos est vibrant désordre.
Dans notre nuit d’humanoïdes,
Le ciel étoilé n’est que silence…

Nous sommes le veilleur de cette citadelle
Qui est enfouie au fond de nous :
Nous sommes le gardien de nous-même.

Le feu brûle et danse en ses flammes
Dont la lueur nous ancre dans la nuit.
Ce monde glisse inexorablement
Ver une fin déjà annoncée
Comme il en est de chacun de nous.

Le temps lentement et si vite
Passe à une autre échelle
Qui oblitère notre mémoire.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Le feu gémit en sa prière
D’une énergie primordiale :
Se souvient-il de ce début
Monstrueux du monde?

Le feu danse et lèche nos os.
Sa chaleur nous rassure, nous berce,
Comme nos mères, naguère.
Mais nous avons grandi,
Nos mères se sont allées.
Le temps d’enfance s’est éteint,
Le veilleur doit s’éveiller.

C’est à notre tour de surveiller la nuit.

Le temps se couvre, le vent se lève.
Fera-t-il pluie ou déjà neige?
Les étoiles ne nous guident plus
Pour raconter tout cet infini.
Notre quête doit se continuer.
Sera-t-elle donc d’éternité?

Le feu agite ses ailes de lumière :
Il brasse peut-être le néant?

Nos os vieillis, déjà condamnés,
Seront bientôt cendre et poussière…
Poussière d’étoile brouillant nos larmes.

Les tisons rougissent en violet :
De longs doigts de braises ardentes
Implorant le Dieu du chaos.

Le vent tombe, attisant le silence
Qui crie notre vulnérabilité.
Les rêves s’en viennent à tire d’ailes,
Sombres corbeaux dans la nuit,
Charriant des restes de cauchemars.

Le vent du désert nous trouble :
Tout l’univers est aussi un désert.
Et notre terre une simple oasis
Que nous grignotons, inconscients.
Notre moi est cette idole
Sur l’autel-consommation.

Le feu aussi grignote la nuit,
Sachant bien qu’il perdra.
Au marais de l’absurdité,
Sommes-nous donc déjà perdus?

Le veilleur doit veiller malgré tout :
Nombreux sont tous ces écueils
Sur les flots d’encre de la nuit.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Les flammes dansent les hier :
Grimpé dans mon arbre-main,
J’essayais de lire un peu du ciel,
Mais les nuages voyages si vite
Que leurs messages s’effilochent
En bourrent d’ouate ma tête.

Je courais le rivage du fleuve-roi
Qui règne aux rivages du pays
Avant d’aller avaler la mer.
La marée racontait une histoire
Que le courant agitait aussitôt
M’emplissant la bouche d’écume.

Je marchais les rues de la ville
Où les ombres glissaient muettes
Au pied des réverbères.
Je ne connaissais pas leur langage
Qui s’effarouchait de mes pas.

Je glissais ma main jusqu’en toi
Pour caresser un peu ton cœur.
L’émotion nous y mouillait
De son jouir sur nos langues,
Mais l’intimité dégustée
Dissimulait sa raison d’être.

Qu’est-ce donc que tout ce temps
Où juste nés, nous mourrons déjà!
Une étincelle que le feu projette
En une fragilité de ce vivre
Qui s’éteint tout en tombant.

Le feu agonise de tant d’attente.
Il y eu un matin, il y eu cette nuit.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Nos os se déroulent,
Tendant le fil du destin
Sur la vaste toile
Du cosmos étranger.

La couleur de l’automne
En tendre et paradis
Avec nos os blessés
Dedans les eaux glacées.

Ne pouvons-nous grandir
Qu’en intériorité
Où nos racines-dieu
Enserrent nos enfances?

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Quand nous serons mourus, mamie,
Vibrerons-nous en nos souvenances
De ces nos premières émotions
À se sentir en nos douces odeurs
D’un baiser désaccordant les cœurs,
D’un regard à noyer notre émoi,
D’une main en pays-merveille
Entre coton et peau-douceur…
Et le jean en son bleu à gémir
D’une mouillure en échappée…
Et l’embellie sous le gaufré
Où la main alvéole le sein
En fleur-galbe à s’y lover…
Et tout ce rouge-braise des joues
D’un halètement satisfait,
En va-et-vient d’une glissure
Qui joue violon sur les cordes
De ce plaisir qui ronronne…
Quand nous serons mourus, mamie,
Vibrerons-nous en nos souvenances?

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Le temps nous assassine un peu plus
À chaque jour que le temps tisse.
Cette vie qui bouge et coule en nous,
Inexorablement fuit et glisse.

Quand le destin à notre cou se noue
Pour nous allumer en sa flamboyance,
Nos masques nous habillent de faïence :
Fragiles, nous ne le sommes que plus.

Quand l’automne frémit en ses couleurs
Comme notre peine en notre douleur,
De n’être que ces feuilles qui s’agitent
Au vent mauvais de ces dieux en orbite.

Quand dans les cimetières dépeuplés
Les anges-granite ont perdu leurs ailes,
Quand la mort-même à dû enchappeler
Sa faux pour ces nouveaux killers serial,

Quand le givre arabesque nos cheveux,
Quand nos mains se crochissent en vieux lierres,
Quand toute la vie n’est que désaveu,
Il ne nous reste alors que la prière.

L’automne sur l’ivoire de ta peau
Devant le fleuve en dérive d’îles…
Au vent léger, tes cheveux nymphe-appeau
Me piège en ton intime indélébile.

La danse nostalgie nous fait vibrer
Au son de ces violons et de leurs gigues :
La sensualité à célébrer
La retenue qui rompt toutes ses digues.

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Recueillir l’entre-deux,
Recoudre la fissure,
Retisser l’au-delà,
Repriser le destin,
Replacer notre moi
De l’ici au meilleur…
D’hier, d’hui et d’ailleurs!

Oh! Fleur de ce passé révolu,
Peux-tu à nouveau cette tendresse
De nos tous premiers amours émus
Où nos âmes s’emmêlaient d’ivresse?

D’un peu s’aimer, d’un peu se toucher,
Nos doigts s’ouvrant en éventails d’ailes,
De beaucoup s’aimer et de bouger
Y glissant en cette mouillure-elle.

D’une Alice ouvrant bien grand les yeux
Espérer l’au-delà en merveille.
De ce paradis promis des dieux,
Baiser la clé aux lèvres vermeilles.

Hier la vie et demain la mort…
Nous endormons nous en tubercules
Pour renaître en quelques molécules?
Miséricorde pour nos remords!

Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.


Un feu, lumière dans la nuit
Où nous ne sommes que ces vigiles
Qui attendent dans le silence
Qu’arrive enfin l’aube dorée
Du premier jour de cet ailleurs.
Le veilleur attend pour l’aube espérée.
Le froid le pénètre et l’engourdit
Et déjà il sent sa mort qui le tâte.
Une flamme s’éteint, une étoile s’allume.



The watchman waiting for dawn hoped.
The cold penetrates and numbs him
And already he feels the death that feels him.
A flame is extinguished, a star lights. 








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