Amour, amour, te souvient-il

Amour, amour, te souvient-il aussi…




Amour, amour, les souvenirs si tendres
De nos amours d’hier à les étendre
Sur cette corde à linge un peu jauni
Du bonheur tranquille en catimini.

Amour, amour, quand notre amour s’embrase,
Amour, amour, entends-tu les ronrons
Des nuages sombres à l’horizon :
Feulement de ce destin qui écrase.

Laissons couler notre eau jusqu’à la mer,
Amour, suivons ce long fleuve tranquille.
Tous les pleurs versés ne sont que plus amers
Quand ce n’est que rancœur qui se distille.

Le jour se lève en douceur de l’été,
La lumière joue les fleurs de ses teintes,
Amour, amour, c’est pour le temps fêté
Que j’entends au loin les cloches qui tintent.

Mon orante au visage mélodieux,
Le jour est si beau que l’instant s’arrête.
Amour, amour, n’as-tu pas vu Dieu
Qui serait de nos âmes l’interprète?

Je glisse ma main au tendre de chair,
Cantique des cantiques d’Évangiles,
Amour, amour, voilà ton cœur vacille
Et tu ouvres tes neiges à l’envers.

Quand la corde de notre temps s’étire,
Amour, amour, en funambule heureux
Glissant sur la prunelle de tes yeux,
Je mouille dans tes rêves qui chavirent.

Nous voguons, ensemencés des saisons;
Amour, amour, un vaisseau d’or navigue,
Toutes voiles gonflées de déraison,
Qui renverse en furie toutes nos digues.

Amour, quand nous aurons assez étés,
Nous nous coucherons pour l’éternité,
Amour, amour, en ces gisants de pierre
Pour que quelque Dieu ferme nos paupières.

Peut-être, s’envoleront en ailleurs
Nos âmes, en bruissement d’ailes d’anges
Vers quelque paradis en un échange
Un brin plus doux, plus tendre et bien meilleur.

Quand le ciel de son bleu est en dérive,
Amour, amour, te souvient-il aussi
Du chemin de nos amours jusqu’ici,
Et plus encore de nos futurs qui suivent?